The Project Gutenberg EBook of Le Blanc et le Noir, by Voltaire (#10 in our series by Voltaire) Copyright laws are changing all over the world. Be sure to check the copyright laws for your country before downloading or redistributing this or any other Project Gutenberg eBook. This header should be the first thing seen when viewing this Project Gutenberg file. Please do not remove it. Do not change or edit the header without written permission. Please read the "legal small print," and other information about the eBook and Project Gutenberg at the bottom of this file. Included is important information about your specific rights and restrictions in how the file may be used. You can also find out about how to make a donation to Project Gutenberg, and how to get involved. **Welcome To The World of Free Plain Vanilla Electronic Texts** **eBooks Readable By Both Humans and By Computers, Since 1971** *****These eBooks Were Prepared By Thousands of Volunteers!***** Title: Le Blanc et le Noir Author: Voltaire Release Date: December, 2003 [EBook #4771] [Yes, we are more than one year ahead of schedule] [This file was first posted on March 16, 2002] Edition: 10 Language: French Character set encoding: ASCII *** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK, LE BLANC ET LE NOIR *** This eBook was produced by Carlo Traverso. We thank the Bibliotheque Nationale de France that has made available the image files at www://gallica.bnf.fr, authorizing the preparation of the etext through OCR. Nous remercions la Bibliotheque Nationale de France qui a mis a dispositions les images dans www://gallica.bnf.fr, et a donne l'authorization a les utilizer pour preparer ce texte. OEUVRES DE VOLTAIRE. TOME XXXIII DE L' IMPRIMERIE DE A. FIRMIN DIDOT, RUE JACOB, Ndeg. 24. OEUVRES DE VOLTAIRE PREFACES, AVERTISSEMENTS, NOTES, ETC. PAR M. BEUCHOT. TOME XXXIII. ROMANS. TOME I. A PARIS, CHEZ LEFEVRE, LIBRAIRE, RUE DE L'EPERON, Kdeg. 6. WERDET ET LEQUIEN FILS, RUE DU BATTOIR, Ndeg. 2O. MDCCCXXIX. LE BLANC ET LE NOIR. Preface de l'Editeur Les deux contes, _Le Blanc et le Noir_, _Jeannot et Colin_, font partie du volume qui parut, en 1764, sous le titre de Contes de Guillaume Fade. ------ Les notes sans signature, et qui sont indiquees par des lettres, sont de Voltaire. Les notes signees d'un K sont des editeurs de Kehl, MM. Condorcet et Decroix. Il est impossible de faire rigoureusement la part de chacun. Les additions que j'ai faites aux notes de Voltaire ou aux notes des editeurs de Kehl, en sont separees par un--, et sont, comme mes notes, signees de l'initiale de mon nom. BEUCHOT. 4 octobre 1829. LE BLANC ET LE NOIR. 1764. Tout le monde dans la province de Candahar connait l'aventure du jeune Rustan. Il etait fils unique d'un mirza du pays; c'est comme qui dirait marquis parmi nous, ou baron chez les Allemands. Le mirza, son pere, avait un bien honnete. On devait marier le jeune Rustan a une demoiselle, ou mirzasse de sa sorte. Les deux familles le desiraient passionnement. Il devait faire la consolation de ses parents, rendre sa femme heureuse, et l'etre avec elle. Mais par malheur il avait vu la princesse de Cachemire a la foire de Cabul, qui est la foire la plus considerable du monde, et incomparablement plus frequentee que celle de Bassora et d'Astracan; et voici pourquoi le vieux prince de Cachemire etait venu a la foire avec sa fille. Il avait perdu les deux plus rares pieces de son tresor: l'une etait un diamant gros comme le pouce, sur lequel sa fille etait gravee par un art que les Indiens possedaient alors, et qui s'est perdu depuis; l'autre etait un javelot qui allait de lui-meme ou l'on voulait; ce qui n'est pas une chose bien extraordinaire parmi nous, mais qui l'etait a Cachemire. Un faquir de son altesse lui vola ces deux bijoux; il les porta a la princesse. Gardez soigneusement ces deux pieces, lui dit-il; votre destinee en depend. Il partit alors, et on ne le revit plus. Le duc de Cachemire au desespoir resolut d'aller voir, a la foire de Cabul, si de tous les marchands qui s'y rendent des quatre coins du monde il n'y en aurait pas un qui eut son diamant et son arme. Il menait sa fille avec lui dans tous ses voyages. Elle porta son diamant bien enferme dans sa ceinture; mais pour le javelot qu'elle ne pouvait si bien cacher, elle l'avait enferme soigneusement a Cachemire dans son grand coffre de la Chine. Rustan et elle se virent a Cabul; ils s'aimerent avec toute la bonne foi de leur age, et toute la tendresse de leur pays. La princesse, pour gage de son amour, lui donna son diamant, et Rustan lui promit a son depart de l'aller voir secretement a Cachemire. Le jeune mirza avait deux favoris qui lui servaient de secretaires, d'ecuyers, de maitres-d'hotel, et de valets de chambre. L'un s'appelait Topaze; il etait beau, bien fait, blanc comme une Circassienne, doux et serviable comme un Armenien, sage comme un Guebre, l'autre se nommait Ebene; c'etait un negre fort joli, plus empresse, plus industrieux que Topaze, et qui ne trouvait rien de difficile. Il leur communiqua le projet de son voyage. Topaze tacha de l'en detourner avec le zele circonspect d'un serviteur qui ne voulait pas lui deplaire; il lui representa tout ce qu'il hasardait. Comment laisser deux familles au desespoir? comment mettre le couteau dans le coeur de ses parents? Il ebranla Rustan; mais Ebene le raffermit et leva tous ses scrupules. Le jeune homme manquait d'argent pour un si long voyage. Le sage Topaze ne lui en aurait pas fait preter; Ebene y pourvut. Il prit adroitement le diamant de son maitre, en fit faire un faux tout semblable qu'il remit a sa place, et donna le veritable en gage a un Armenien pour quelques milliers de roupies. Quand le marquis eut ses roupies, tout fut pret pour le depart. On chargea un elephant de son bagage; on monta a cheval. Topaze dit a son maitre: J'ai pris la liberte de vous faire des remontrances sur votre entreprise; mais, apres avoir remontre, il faut obeir; je suis a vous, je vous aime, je vous suivrai jusqu'au bout du monde; mais consultons en chemin l'oracle qui est a deux parasanges d'ici. Rustan y consentit. L'oracle repondit: <> Rustan ne comprit rien a cette reponse. Topaze soutint qu'elle ne contenait rien de bon. Ebene, toujours complaisant, lui persuada qu'elle etait tres favorable. Il y avait encore un autre oracle dans Cabul; ils y allerent. L'oracle de Cabul repondit en ces mots: <> Cet oracle parut encore plus inintelligible que l'autre. Prenez garde a vous, disait Topaze. Ne redoutez rien, disait Ebene; et ce ministre, comme on peut le croire, avait toujours raison aupres de son maitre, dont il encourageait la passion et l'esperance. Au sortir de Cabul, on marcha par une grande foret, on s'assit sur l'herbe pour manger, on laissa les chevaux paitre. On se preparait a decharger l'elephant qui portait le diner et le service, lorsqu'on s'apercut que Topaze et Ebene n'etaient plus avec la petite caravane. On les appelle; la foret retentit des noms d'Ebene et de Topaze. Les valets les cherchent de tous cotes, et remplissent la foret de leurs cris; ils reviennent sans avoir rien vu, sans qu'on leur ait repondu. Nous n'avons trouve, dirent-ils a Rustan, qu'un vautour qui se battait avec un aigle, et qui lui otait toutes ses plumes. Le recit de ce combat piqua la curiosite de Rustan; il alla a pied sur le lieu, il n'apercut ni vautour ni aigle; mais il vit son elephant, encore tout charge de son bagage, qui etait assailli par un gros rhinoceros. L'un frappait de sa corne, l'autre de sa trompe. Le rhinoceros lacha prise a la vue de Rustan; on ramena son elephant, mais on ne trouva plus les chevaux. Il arrive d'etranges choses dans les forets quand on voyage! s'ecriait Rustan. Les valets etaient consternes, et le maitre au desespoir d'avoir perdu a-la-fois ses chevaux, son cher negre, et le sage Topaze pour lequel il avait toujours de l'amitie, quoiqu'il ne fut jamais de son avis. L'esperance d'etre bientot aux pieds de la belle princesse de Cachemire le consolait, quand il rencontra un grand ane raye, a qui un rustre vigoureux et terrible donnait cent coups de baton. Rien n'est si beau, ni si rare, ni si leger a la course que les anes de cette espece. Celui-ci repondait aux coups redoubles du vilain par des ruades qui auraient pu deraciner un chene. Le jeune mirza prit, comme de raison, le parti de l'ane, qui etait une creature charmante. Le rustre s'enfuit en disant a l'ane, Tu me le paieras. L'ane remercia son liberateur en son langage, s'approcha, se laissa caresser, et caressa. Rustan monte dessus apres avoir dine, et prend le chemin de Cachemire avec ses domestiques, qui suivent les uns a pied, les autres montes sur l'elephant. A peine etait-il sur son ane que cet animal tourne vers Cabul, au lieu de suivre la route de Cachemire. Son maitre a beau tourner la bride, donner des saccades, serrer les genoux, appuyer des eperons, rendre la bride, tirer a lui, fouetter a droite et a gauche, l'animal opiniatre courait toujours vers Cabul. Rustan suait, se demenait, se desesperait, quand il rencontre un marchand de chameaux qui lui dit: Maitre, vous avez la un ane bien malin qui vous mene ou vous ne voulez pas aller; si vous voulez me le ceder, je vous donnerai quatre de mes chameaux a choisir. Rustan remercia la Providence de lui avoir procure un si bon marche. Topaze avait grand tort, dit-il, de me dire que mon voyage serait malheureux. Il monte sur le plus beau chameau, les trois autres suivent; il rejoint sa caravane, et se voit dans le chemin de son bonheur. A peine a-t-il marche quatre parasanges qu'il est arrete par un torrent profond, large, et impetueux, qui roulait des rochers blanchis d'ecume. Les deux rivages etaient des precipices affreux qui eblouissaient la vue et glacaient le courage; nul moyen de passer, nul d'aller a droite ou a gauche. Je commence a craindre, dit Rustan, que Topaze n'ait eu raison de blamer mon voyage, et moi grand tort de l'entreprendre; encore, s'il etait ici, il me pourrait donner quelques bons avis. Si j'avais Ebene, il me consolerait, et il trouverait des expedients; mais tout me manque. Son embarras etait augmente par la consternation de sa troupe: la nuit etait noire, on la passa a se lamenter. Enfin la fatigue et l'abattement endormirent l'amoureux voyageur. Il se reveille au point du jour, et voit un beau pont de marbre eleve sur le torrent d'une rive a l'autre. Ce furent des exclamations, des cris d'etonnement et de joie. Est-il possible? est-ce un songe? quel prodige! quel enchantement ! oserons-nous passer? Toute la troupe se mettait a genoux, se relevait, allait au pont, baisait la terre, regardait le ciel, etendait les mains, posait le pied en tremblant, allait, revenait, etait en extase; et Rustan disait: Pour le coup le ciel me favorise: Topaze ne savait ce qu'il disait; les oracles etaient en ma faveur; Ebene avait raison; mais pourquoi n'est-il pas ici? A peine la troupe fut-elle au-dela du torrent que voila le pont qui s'abime dans l'eau avec un fracas epouvantable. Tant mieux! tant mieux! s'ecria Rustan; Dieu soit loue! le ciel soit beni! il ne veut pas que je retourne dans mon pays, ou je n'aurais ete qu'un simple gentilhomme; il veut que j'epouse ce que j'aime. Je serai prince de Cachemire; c'est ainsi qu'en _possedant_ ma maitresse, je ne _possederai_ pas mon petit marquisat a Candahar. _Je serai Rustan, et je ne le serai pas_, puisque je deviendrai un grand prince: voila une grande partie de l'oracle expliquee nettement en ma faveur, le reste s'expliquera de meme: je suis trop heureux; mais pourquoi Ebene n'est-il pas aupres de moi? je le regrette mille fois plus que Topaze. Il avanca encore quelques parasanges avec la plus grande allegresse; mais, sur la fin du jour, une enceinte de montagnes plus roides qu'une contrescarpe, et plus hautes que n'aurait ete la tour de Babel, si elle avait ete achevee, barra entierement la caravane saisie de crainte. Tout le monde s'ecria: Dieu veut que nous perissions ici! il n'a brise le pont que pour nous oter tout espoir de retour; il n'a eleve la montagne que pour nous priver de tout moyen d'avancer. O Rustan! o malheureux marquis! nous ne verrons jamais Cachemire, nous ne rentrerons jamais dans la terre de Candahar. La plus cuisante douleur, l'abattement le plus accablant, succedaient dans l'ame de Rustan a la joie immoderee qu'il avait ressentie, aux esperances dont il s'etait enivre. Il etait bien loin d'interpreter les propheties a son avantage. O ciel! o Dieu paternel! faut-il que j'aie perdu mon ami Topaze! Comme il prononcait ces paroles en poussant de profonds soupirs, et en versant des larmes au milieu de ses suivants desesperes, voila la base de la montagne qui s'ouvre, une longue galerie en voute, eclairee de cent mille flambeaux, se presente aux yeux eblouis; et Rustan de s'ecrier, et ses gens de se jeter a genoux, et de tomber d'etonnement a la renverse, et de crier miracle! et de dire: Rustan est le favori de Vitsnou, le bien-aime de Brama; il sera le maitre du monde. Rustan le croyait, il etait hors de lui, eleve au-dessus'de lui-meme. Ah! Ebene, mon cher Ebene! ou etes-vous ? que n'etes-vous temoin de toutes ces merveilles! comment vous ai-je perdu ? Belle princesse de Cachemire, quand reverrai-je vos charmes ? Il avance avec ses domestiques, son elephant, ses chameaux, sous la voute de la montagne, au bout de laquelle il entre dans une prairie emaillee de fleurs et bordee de ruisseaux: au bout de la prairie ce sont des allees d'arbres a perte de vue; et au bout de ces allees, une riviere, le long de laquelle sont mille maisons de plaisance, avec des jardins delicieux. Il entend partout des concerts de voix et d'instruments; il voit des danses; il se hate de passer un des ponts de la riviere; il demande au premier homme qu'il rencontre quel est ce beau pays. Celui auquel il s'adressait lui repondit: Vous etes dans la province de Cachemire; vous voyez les habitants dans la joie et dans les plaisirs; nous celebrons les noces de notre belle princesse, qui va se marier avec le seigneur Barbabou, a qui son pere l'a promise; que Dieu perpetue leur felicite! A ces paroles Rustan tomba evanoui, et le seigneur cachemirien crut qu'il etait sujet a l'epilepsie; il le fit porter dans sa maison, ou il fut long-temps sans connaissance. On alla chercher les deux plus habiles medecins du canton; ils taterent le pouls du malade qui, ayant repris un peu ses esprits, poussait des sanglots, roulait les yeux, et s'ecriait de temps en temps: Topaze, Topaze, vous aviez bien raison! L'un des deux medecins dit au seigneur cachemirien: Je vois a son accent que c'est un jeune homme de Candahar, a qui l'air de ce pays ne vaut rien; il faut le renvoyer chez lui; je vois a ses yeux qu'il est devenu fou; confiez-le-moi, je le remenerai dans sa patrie, et je le guerirai. L'autre medecin assura qu'il n'etait malade que de chagrin, qu'il fallait le mener aux noces de la princesse, et le faire danser. Pendant qu'ils consultaient, le malade reprit ses forces; les deux medecins furent congedies, et Rustan demeura tete a tete avec son hote. Seigneur, lui dit-il, je vous demande pardon de m'etre evanoui devant vous, je sais que cela n'est pas poli; je vous supplie de vouloir bien accepter mon elephant, en reconnaissance des bontes dont vous m'avez honore. Il lui conta ensuite toutes ses aventures, en se gardant bien de lui parler de l'objet de son voyage. Mais, au nom de Vitsnou et de Brama, lui dit-il, apprenez-moi quel est cet heureux Barbabou qui epouse la princesse de Cachemire; pourquoi son pere l'a choisi pour gendre, et pourquoi la princesse l'a accepte pour son epoux. Seigneur, lui dit le Cachemirien, la princesse n'a point du tout accepte Barbabou; au contraire elle est dans les pleurs, tandis que toute la province celebre avec joie son mariage; elle s'est enfermee dans la tour de son palais; elle ne veut voir aucune des rejouissances qu'on fait pour elle. Rustan, en entendant ces paroles, se sentit renaitre; l'eclat de ses couleurs, que la douleur avait fletries, reparut sur son visage. Dites-moi, je vous prie, continua-t-il, pourquoi le prince de Cachemire s'obstine a donner sa fille a un Barbabou dont elle ne veut pas. Voici le fait, repondit le Cachemirien. Savez-vous que notre auguste prince avait perdu un gros diamant et un javelot qui lui tenaient fort au coeur? Ah! je le sais tres bien, dit Rustan. Apprenez donc, dit l'hote, que notre prince, au desespoir de n'avoir point de nouvelles de ses deux bijoux, apres les avoir fait longtemps chercher par toute la terre, a promis sa fille a quiconque lui rapporterait l'un ou l'autre. Il est venu un seigneur Barbabou qui etait muni du diamant, et il epouse demain la princesse. Rustan palit, begaya un compliment, prit conge de son hote, et courut sur son dromadaire a la ville capitale ou se devait faire la ceremonie. Il arrive au palais du prince, il dit qu'il a des choses importantes a lui communiquer; il demande une audience; on lui repond que le prince est occupe des preparatifs de la noce: c'est pour cela meme, dit-il, que je veux lui parler. Il presse tant qu'il est introduit. Monseigneur, dit-il, que Dieu couronne tous vos jours de gloire et de magnificence! votre gendre est un fripon. Comment un fripon! qu'osez-vous dire? est-ce ainsi qu'on parle a un duc de Cachemire du gendre qu'il a choisi? Oui, un fripon, reprit Rustan; et pour le prouver a votre altesse, c'est que voici votre diamant que je vous rapporte. Le duc tout etonne confronta les deux diamants; et comme il ne s'y connaissait guere, il ne put dire quel etait le veritable. Voila deux diamants, dit-il, et je n'ai qu'une fille; me voila dans un etrange embarras! Il fit venir Barbabou, et lui demanda s'il ne l'avait point trompe. Barbabou jura qu'il avait achete son diamant d'un Armenien; l'autre ne disait pas de qui il tenait le sien, mais il proposa un expedient: ce fut qu'il plut a son altesse de le faire combattre sur-le-champ contre son rival. Ce n'est pas assez que votre gendre donne un diamant, disait-il, il faut aussi qu'il donne des preuves de valeur: ne trouvez-vous pas bon que celui qui tuera l'autre epouse la princesse? Tres bon, repondit le prince, ce sera un fort beau spectacle pour la cour; battez-vous vite tous deux; le vainqueur prendra les armes du vaincu, selon l'usage de Cachemire, et il epousera ma fille. Les deux pretendants descendent aussitot dans la cour. Il y avait sur l'escalier une pie et un corbeau. Le corbeau criait, Battez-vous, battez-vous; la pie, Ne vous battez pas. Cela fit rire le prince; les deux rivaux y prirent garde a peine: ils commencent le combat; tous les courtisans fesaient un cercle autour d'eux. La princesse, se tenant toujours renfermee dans sa tour, ne voulut point assister a ce spectacle; elle etait bien loin de se douter que son amant fut a Cachemire, et elle avait tant d'horreur pour Barbabou, qu'elle ne voulait rien voir. Le combat se passa le mieux du monde; Barbabou fut tue roide, et le peuple en fut charme parcequ'il etait laid, et que Rustan etait fort joli: c'est presque toujours ce qui decide de la faveur publique. Le vainqueur revetit la cotte de maille, l'echarpe, et le casque du vaincu, et vint, suivi de toute la cour, au son des fanfares, se presenter sous les fenetres de sa maitresse, Tout le monde criait: Belle princesse, venez voir votre beau mari qui a tue son vilain rival; ses femmes repetaient ces paroles. La princesse mit par malheur la tete a la fenetre, et voyant l'armure d'un homme qu'elle abhorrait, elle courut en desesperee a son coffre de la Chine, et tira le javelot fatal qui alla percer son cher Rustan au defaut de la cuirasse; il jeta un grand cri, et a ce cri la princesse crut reconnaitre la voix de son malheureux amant. Elle descend echevelee, la mort dans les yeux et dans le coeur. Rustan etait deja tombe tout sanglant dans les bras de son pere. Elle le voit: o moment! o vue! o reconnaissance dont on ne peut exprimer ni la douleur, ni la tendresse, ni l'horreur! Elle se jette sur lui, elle l'embrasse: Tu recois, lui dit-elle, les premiers et les derniers baisers de ton amante et de ta meurtriere. Elle retire le dard de la plaie, l'enfonce dans son coeur, et meurt sur l'amant qu'elle adore. Le pere epouvante, eperdu, pret a mourir comme elle, tache en vain de la rappeler a la vie; elle n'etait plus. Il maudit ce dard fatal, le brise en morceaux, jette au loin ses deux diamants funestes; et, tandis qu'on prepare les funerailles de sa fille, au lieu de son mariage, il fait transporter dans son palais Rustan ensanglante, qui avait encore un reste de vie. On le porte dans un lit. La premiere chose qu'il voit aux deux cotes de ce lit de mort, c'est Topaze et Ebene. Sa surprise lui rendit un peu de force. Ah! cruels, dit-il, pourquoi m'avez-vous abandonne? peut-etre la princesse vivrait encore; si vous aviez ete pres du malheureux Rustan. Je ne vous ai pas abandonne un seul moment, dit Topaze. - J'ai toujours ete pres de vous, dit Ebene. Ah! que dites-vous ? pourquoi insulter a mes derniers moments? repondit Rustan d'une voix languissante. Vous pouvez m'en croire, dit Topaze; vous savez que je n'approuvai jamais ce fatal voyage dont je prevoyais les horribles suites. C'est moi qui etais l'aigle qui a combattu contre le vautour, et qu'il a deplume; j'etais l'elephant qui emportait le bagage, pour vous forcer a retourner dans votre patrie; j'etais l'ane raye qui vous ramenait malgre vous chez votre pere: c'est moi qui ai egare vos chevaux; c'est moi qui ai forme le torrent qui vous empechait de passer; c'est moi qui ai eleve la montagne qui vous fermait un chemin si funeste; j'etais le medecin qui vous conseillait l'air natal; j'etais la pie qui vous criait de ne point combattre. Et moi, dit Ebene, j'etais le vautour qui a deplume l'aigle; le rhinoceros qui donnait cent coups de corne a l'elephant, le vilain qui battait l'ane raye; le marchand qui vous donnait des chameaux pour courir a votre perte; j'ai bati le pont sur lequel vous avez passe; j'ai creuse la caverne que vous avez traversee; je suis le medecin qui vous encourageait a marcher; le corbeau qui vous criait de vous battre. Helas! souviens-toi des oracles, dit Topaze: _Si tu vas a l'orient, tu seras a l'occident_. Oui, dit Ebene, on ensevelit ici les morts le visage tourne a l'occident: l'oracle etait clair, que ne l'as-tu compris? _Tu as possede, et tu ne possedais pas;_ car tu avais le diamant, mais il etait faux, et tu n'en savais rien. Tu es vainqueur, et tu meurs; tu es Rustan, et tu cesses de l'etre: tout a ete accompli. Comme il parlait ainsi, quatre ailes blanches couvrirent le corps de Topaze, et quatre ailes noires celui d'Ebene. Que vois-je? s'ecria Rustan. Topaze et Ebene repondirent ensemble: Tu vois tes deux genies. Eh! messieurs, leur dit le malheureux Rustan, de quoi vous meliez-vous ? et pourquoi deux genies pour un pauvre homme? C'est la loi, dit Topaze chaque homme a ses deux genies, c'est Platon qui l'a dit le premier[1], et d'autres l'ont repete ensuite; tu vois que rien n'est plus veritable: moi, qui te parle, je suis ton bon genie, et ma charge etait de veiller aupres de toi jusqu'au dernier moment de ta vie; je m'en suis fidelement acquitte. [1] Voyez tome XXX, page 38. B. Mais, dit le mourant, si ton emploi etait de me servir, je suis donc d'une nature fort superieure a la tienne; et puis comment oses-tu dire que tu es mon bon genie, quand tu m'as laisse tromper dans tout ce que j'ai entrepris, et que tu me laisses mourir moi et ma maitresse miserablement ? Helas! c'etait ta destinee, dit Topaze. Si c'est la destinee qui fait tout, dit le mourant, a quoi un genie est-il bon ? Et toi, Ebene, avec tes quatre ailes noires, tu es apparemment mon mauvais genie? Vous l'avez dit, repondit Ebene. Mais tu etais donc aussi le mauvais genie de ma princesse ? Non, elle avait le sien, et je l'ai parfaitement seconde. Ah! maudit Ebene, si tu es si mechant, tu n'appartiens donc pas au meme maitre que Topaze ? vous avez ete formes tous deux par deux principes differents, dont l'un est bon, et l'autre mechant de sa nature ? Ce n'est pas une consequence, dit Ebene, mais c'est une grande difficulte. Il n'est pas possible, reprit l'agonisant, qu'un etre favorable ait fait un genie si funeste. Possible ou non possible, repartit Ebene, la chose est comme je te le dis. Helas! dit Topaze, mon pauvre ami, ne vois-tu pas que ce coquin-la a encore la malice de te faire disputer pour allumer ton sang et precipiter l'heure de ta mort? Va, je ne suis guere plus content de toi que de lui, dit le triste Rustan: il avoue du moins qu'il a voulu me faire du mal; et toi, qui pretendais me defendre, tu ne m'as servi de rien. J'en suis bien fache, dit le bon genie. Et moi aussi, dit le mourant; il y a quelque chose la-dessous que je ne comprends pas. Ni moi non plus, dit le pauvre bon genie. J.'en serai instruit dans un moment, dit Rustan. C'est ce que nous verrons, dit Topaze. Alors tout disparut. Rustan se retrouva dans la maison de son pere, dont il n'etait pas sorti, et dans son lit ou il avait dormi une heure. Il se reveille en sursaut, tout en sueur, tout egare; il se tate, il appelle, il crie, il sonne. Son valet de chambre, Topaze, accourt en bonnet de nuit, et tout en baillant. Suis-je mort, suis-je en vie? s'ecria Rustan; la belle princesse de Cachemire en rechappera-t-elle?.... Monseigneur reve-t-il ? repondit froidement Topaze. Ah! s'ecriait Rustan, qu'est donc devenu ce barbare Ebene avec ses quatre ailes noires ? c'est lui qui me fait mourir d'une mort si cruelle.--Monseigneur, je l'ai laisse la-haut qui ronfle; voulez-vous qu'on le fasse descendre?--Le scelerat! il y a six mois entiers qu'il me persecute; c'est lui qui me mena a cette fatale foire de Cabul; c'est lui qui m'escamota le diamant que m'avait donne la princesse; il est seul la cause de mon voyage, de la mort de ma princesse, et du coup de javelot dont je meurs a la fleur de mon age. Rassurez-vous, dit Topaze; vous n'avez jamais ete a Cabul; il n'y a point de princesse de Cachemire; son pere n'a jamais eu que deux garcons qui sont actuellement au college. Vous n'avez jamais eu de diamant; la princesse ne peut etre morte, puisqu'elle n'est pas nee; et vous vous portez a merveille. Comment! il n'est pas vrai que tu m'assistais a la mort dans le lit du prince de Cachemire? Ne m'as-tu pas avoue que, pour me garantir de tant de malheurs, tu avais ete aigle, elephant, ane raye, medecin, et pie?--Monseigneur, vous avez reve tout cela: nos idees ne dependent pas plus de nous dans le sommeil que dans la veille. Dieu a voulu que cette file d'idees vous ait passe par la tete, pour vous donner apparemment quelque instruction dont vous ferez votre profit. Tu te moques de moi, reprit Rustan; combien de temps ai-je dormi?--Monseigneur, vous n'avez encore dormi qu'une heure.--Eh bien! maudit raisonneur, comment veux-tu qu'en une heure de temps j'aie ete a la foire de Cabul il y a six mois, que j'en sois revenu, que j'aie fait le voyage de Cachemire, et que nous soyons morts, Barbabou, la princesse, et moi?--Monseigneur, il n'y a rien de plus aise et de plus ordinaire, et vous auriez pu reellement faire le tour du monde, et avoir beaucoup plus d'aventures en bien moins de temps. N'est-il pas vrai que vous pouvez lire en une heure l'abrege de l'histoire des Perses, ecrite par Zoroastre? cependant cet abrege contient huit cent mille annees. Tous ces evenements passent sous vos yeux l'un apres l'autre en une heure; or vous m'avouerez qu'il est aussi aise a Brama de les resserrer tous dans l'espace d'une heure que de les etendre dans l'espace de huit cent mille annees; c'est precisement la meme chose. Figurez-vous que le temps tourne sur une roue dont le diametre est infini. Sous cette roue immense est une multitude innombrable de roues les unes dans les autres; celle du centre est imperceptible, et fait un nombre infini de tours precisement dans le meme temps que la grande roue n'en acheve qu'un. Il est clair que tous les evenements, depuis le commencement du monde jusqu'a sa fin, peuvent arriver successivement en beaucoup moins de temps que la cent-millieme partie d'une seconde; et on peut dire meme que la chose est ainsi. Je n'y entends rien, dit Rustan. Si vous voulez, dit Topaze, j'ai un perroquet qui vous le fera aisement comprendre. Il est ne quelque temps avant le deluge, il a ete dans l'arche; il a beaucoup vu; cependant il n'a encore qu'un an et demi: il vous contera son histoire, qui est fort interessante. Allez vite chercher votre perroquet, dit Rustan; il m'amusera jusqu'a ce que je puisse me rendormir. Il est chez ma soeur la religieuse, dit Topaze; je vais le chercher, vous en serez content; sa memoire est fidele, il conte simplement, sans chercher a montrer de l'esprit a tout propos, et sans faire des phrases. Tant mieux, dit Rustan, voila comme j'aime les contes. On lui amena le perroquet, lequel parla ainsi. _N. B._ Mademoiselle Catherine Vade n'a jamais pu trouver l'histoire du perroquet dans le portefeuille de feu son cousin Antoine Vade, auteur de ce conte. C'est grand dommage, vu le temps auquel vivait ce perroquet.--Cette note existe des 1764. B. *** END OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK, LE BLANC ET LE NOIR *** This file should be named 4771.txt or 4771.zip Project Gutenberg eBooks are often created from several printed editions, all of which are confirmed as Public Domain in the US unless a copyright notice is included. Thus, we usually do not keep eBooks in compliance with any particular paper edition. We are now trying to release all our eBooks one year in advance of the official release dates, leaving time for better editing. Please be encouraged to tell us about any error or corrections, even years after the official publication date. Please note neither this listing nor its contents are final til midnight of the last day of the month of any such announcement. The official release date of all Project Gutenberg eBooks is at Midnight, Central Time, of the last day of the stated month. A preliminary version may often be posted for suggestion, comment and editing by those who wish to do so. Most people start at our Web sites at: https://gutenberg.org or http://promo.net/pg These Web sites include award-winning information about Project Gutenberg, including how to donate, how to help produce our new eBooks, and how to subscribe to our email newsletter (free!). Those of you who want to download any eBook before announcement can get to them as follows, and just download by date. This is also a good way to get them instantly upon announcement, as the indexes our cataloguers produce obviously take a while after an announcement goes out in the Project Gutenberg Newsletter. http://www.ibiblio.org/gutenberg/etext03 or ftp://ftp.ibiblio.org/pub/docs/books/gutenberg/etext03 Or /etext02, 01, 00, 99, 98, 97, 96, 95, 94, 93, 92, 92, 91 or 90 Just search by the first five letters of the filename you want, as it appears in our Newsletters. Information about Project Gutenberg (one page) We produce about two million dollars for each hour we work. The time it takes us, a rather conservative estimate, is fifty hours to get any eBook selected, entered, proofread, edited, copyright searched and analyzed, the copyright letters written, etc. Our projected audience is one hundred million readers. If the value per text is nominally estimated at one dollar then we produce $2 million dollars per hour in 2002 as we release over 100 new text files per month: 1240 more eBooks in 2001 for a total of 4000+ We are already on our way to trying for 2000 more eBooks in 2002 If they reach just 1-2% of the world's population then the total will reach over half a trillion eBooks given away by year's end. The Goal of Project Gutenberg is to Give Away 1 Trillion eBooks! This is ten thousand titles each to one hundred million readers, which is only about 4% of the present number of computer users. Here is the briefest record of our progress (* means estimated): eBooks Year Month 1 1971 July 10 1991 January 100 1994 January 1000 1997 August 1500 1998 October 2000 1999 December 2500 2000 December 3000 2001 November 4000 2001 October/November 6000 2002 December* 9000 2003 November* 10000 2004 January* The Project Gutenberg Literary Archive Foundation has been created to secure a future for Project Gutenberg into the next millennium. We need your donations more than ever! As of February, 2002, contributions are being solicited from people and organizations in: Alabama, Alaska, Arkansas, Connecticut, Delaware, District of Columbia, Florida, Georgia, Hawaii, Illinois, Indiana, Iowa, Kansas, Kentucky, Louisiana, Maine, Massachusetts, Michigan, Mississippi, Missouri, Montana, Nebraska, Nevada, New Hampshire, New Jersey, New Mexico, New York, North Carolina, Ohio, Oklahoma, Oregon, Pennsylvania, Rhode Island, South Carolina, South Dakota, Tennessee, Texas, Utah, Vermont, Virginia, Washington, West Virginia, Wisconsin, and Wyoming. We have filed in all 50 states now, but these are the only ones that have responded. As the requirements for other states are met, additions to this list will be made and fund raising will begin in the additional states. Please feel free to ask to check the status of your state. In answer to various questions we have received on this: We are constantly working on finishing the paperwork to legally request donations in all 50 states. If your state is not listed and you would like to know if we have added it since the list you have, just ask. While we cannot solicit donations from people in states where we are not yet registered, we know of no prohibition against accepting donations from donors in these states who approach us with an offer to donate. International donations are accepted, but we don't know ANYTHING about how to make them tax-deductible, or even if they CAN be made deductible, and don't have the staff to handle it even if there are ways. Donations by check or money order may be sent to: Project Gutenberg Literary Archive Foundation PMB 113 1739 University Ave. Oxford, MS 38655-4109 Contact us if you want to arrange for a wire transfer or payment method other than by check or money order. The Project Gutenberg Literary Archive Foundation has been approved by the US Internal Revenue Service as a 501(c)(3) organization with EIN [Employee Identification Number] 64-622154. Donations are tax-deductible to the maximum extent permitted by law. As fund-raising requirements for other states are met, additions to this list will be made and fund-raising will begin in the additional states. We need your donations more than ever! You can get up to date donation information online at: https://www.gutenberg.org/donation.html *** If you can't reach Project Gutenberg, you can always email directly to: Michael S. Hart Prof. Hart will answer or forward your message. We would prefer to send you information by email. **The Legal Small Print** (Three Pages) ***START**THE SMALL PRINT!**FOR PUBLIC DOMAIN EBOOKS**START*** Why is this "Small Print!" statement here? You know: lawyers. They tell us you might sue us if there is something wrong with your copy of this eBook, even if you got it for free from someone other than us, and even if what's wrong is not our fault. So, among other things, this "Small Print!" statement disclaims most of our liability to you. It also tells you how you may distribute copies of this eBook if you want to. *BEFORE!* YOU USE OR READ THIS EBOOK By using or reading any part of this PROJECT GUTENBERG-tm eBook, you indicate that you understand, agree to and accept this "Small Print!" statement. If you do not, you can receive a refund of the money (if any) you paid for this eBook by sending a request within 30 days of receiving it to the person you got it from. If you received this eBook on a physical medium (such as a disk), you must return it with your request. ABOUT PROJECT GUTENBERG-TM EBOOKS This PROJECT GUTENBERG-tm eBook, like most PROJECT GUTENBERG-tm eBooks, is a "public domain" work distributed by Professor Michael S. Hart through the Project Gutenberg Association (the "Project"). Among other things, this means that no one owns a United States copyright on or for this work, so the Project (and you!) can copy and distribute it in the United States without permission and without paying copyright royalties. Special rules, set forth below, apply if you wish to copy and distribute this eBook under the "PROJECT GUTENBERG" trademark. Please do not use the "PROJECT GUTENBERG" trademark to market any commercial products without permission. To create these eBooks, the Project expends considerable efforts to identify, transcribe and proofread public domain works. Despite these efforts, the Project's eBooks and any medium they may be on may contain "Defects". Among other things, Defects may take the form of incomplete, inaccurate or corrupt data, transcription errors, a copyright or other intellectual property infringement, a defective or damaged disk or other eBook medium, a computer virus, or computer codes that damage or cannot be read by your equipment. LIMITED WARRANTY; DISCLAIMER OF DAMAGES But for the "Right of Replacement or Refund" described below, [1] Michael Hart and the Foundation (and any other party you may receive this eBook from as a PROJECT GUTENBERG-tm eBook) disclaims all liability to you for damages, costs and expenses, including legal fees, and [2] YOU HAVE NO REMEDIES FOR NEGLIGENCE OR UNDER STRICT LIABILITY, OR FOR BREACH OF WARRANTY OR CONTRACT, INCLUDING BUT NOT LIMITED TO INDIRECT, CONSEQUENTIAL, PUNITIVE OR INCIDENTAL DAMAGES, EVEN IF YOU GIVE NOTICE OF THE POSSIBILITY OF SUCH DAMAGES. If you discover a Defect in this eBook within 90 days of receiving it, you can receive a refund of the money (if any) you paid for it by sending an explanatory note within that time to the person you received it from. If you received it on a physical medium, you must return it with your note, and such person may choose to alternatively give you a replacement copy. If you received it electronically, such person may choose to alternatively give you a second opportunity to receive it electronically. THIS EBOOK IS OTHERWISE PROVIDED TO YOU "AS-IS". NO OTHER WARRANTIES OF ANY KIND, EXPRESS OR IMPLIED, ARE MADE TO YOU AS TO THE EBOOK OR ANY MEDIUM IT MAY BE ON, INCLUDING BUT NOT LIMITED TO WARRANTIES OF MERCHANTABILITY OR FITNESS FOR A PARTICULAR PURPOSE. Some states do not allow disclaimers of implied warranties or the exclusion or limitation of consequential damages, so the above disclaimers and exclusions may not apply to you, and you may have other legal rights. INDEMNITY You will indemnify and hold Michael Hart, the Foundation, and its trustees and agents, and any volunteers associated with the production and distribution of Project Gutenberg-tm texts harmless, from all liability, cost and expense, including legal fees, that arise directly or indirectly from any of the following that you do or cause: [1] distribution of this eBook, [2] alteration, modification, or addition to the eBook, or [3] any Defect. DISTRIBUTION UNDER "PROJECT GUTENBERG-tm" You may distribute copies of this eBook electronically, or by disk, book or any other medium if you either delete this "Small Print!" and all other references to Project Gutenberg, or: [1] Only give exact copies of it. Among other things, this requires that you do not remove, alter or modify the eBook or this "small print!" statement. You may however, if you wish, distribute this eBook in machine readable binary, compressed, mark-up, or proprietary form, including any form resulting from conversion by word processing or hypertext software, but only so long as *EITHER*: [*] The eBook, when displayed, is clearly readable, and does *not* contain characters other than those intended by the author of the work, although tilde (~), asterisk (*) and underline (_) characters may be used to convey punctuation intended by the author, and additional characters may be used to indicate hypertext links; OR [*] The eBook may be readily converted by the reader at no expense into plain ASCII, EBCDIC or equivalent form by the program that displays the eBook (as is the case, for instance, with most word processors); OR [*] You provide, or agree to also provide on request at no additional cost, fee or expense, a copy of the eBook in its original plain ASCII form (or in EBCDIC or other equivalent proprietary form). [2] Honor the eBook refund and replacement provisions of this "Small Print!" statement. [3] Pay a trademark license fee to the Foundation of 20% of the gross profits you derive calculated using the method you already use to calculate your applicable taxes. If you don't derive profits, no royalty is due. Royalties are payable to "Project Gutenberg Literary Archive Foundation" the 60 days following each date you prepare (or were legally required to prepare) your annual (or equivalent periodic) tax return. Please contact us beforehand to let us know your plans and to work out the details. WHAT IF YOU *WANT* TO SEND MONEY EVEN IF YOU DON'T HAVE TO? Project Gutenberg is dedicated to increasing the number of public domain and licensed works that can be freely distributed in machine readable form. The Project gratefully accepts contributions of money, time, public domain materials, or royalty free copyright licenses. Money should be paid to the: "Project Gutenberg Literary Archive Foundation." If you are interested in contributing scanning equipment or software or other items, please contact Michael Hart at: hart@pobox.com [Portions of this eBook's header and trailer may be reprinted only when distributed free of all fees. Copyright (C) 2001, 2002 by Michael S. Hart. Project Gutenberg is a TradeMark and may not be used in any sales of Project Gutenberg eBooks or other materials be they hardware or software or any other related product without express permission.] *END THE SMALL PRINT! FOR PUBLIC DOMAIN EBOOKS*Ver.02/11/02*END*